Enfin, voici le deuxième live report par votre serviteur habituel, qui sera, cette fois-ci, un peu plus personnel que les autres, de par l’importance pour moi que devait avoir une soirée comme celle-ci.
En effet, c’est toujours une expérience toute particulière quand on va voir son groupe préféré, quand on a des attaches émotionnelles extrêmement fortes avec la musique, son atmosphère et ses textes. Et vivre quelque chose comme ça, c’est un besoin vital.
The Ocean, projet berlinois de Sludge/Post-Metal/Prog que je n’ai pas besoin de présenter tellement j’en parle tout le temps, est un condensé d’influences artistiques qui sont au plus proche de ma personne. C’était la quatrième fois que je les voyais, et je peux dire par avance qu’il y aura une cinquième.
Comme sur chacune de leurs tournées, ils emmènent la fine fleur des groupes émergents à voir, et cette fois, les élus furent les suisses d’Herod, groupe de Sludge Prog avec Mike Pilat au chant, ancien chanteur de The Ocean pendant la période Precambrian, et Downfall of Gaia, voisins de la tête d’affiche, eux aussi berlinois, officiant cette fois-ci dans le Black Metal, teinté de Post-Metal et de Sludge. Deux groupes d’excellente qualité qui valaient aussi le détour.

https://scontent-cdt1-1.xx.fbcdn.net/v/t1.0-9/49213348_10158200555977627_2666818784056049664_n.jpg?_nc_cat=109&_nc_eui2=AeERolrV64dPfpRlJsZ3WKrXF7AfrW-fAfajRD8FkpDSGu9WznDpRk8sNfY6Fg-1daVM0BRuS-GOoLYoc34OjhWmlE15rBWjOhFsXQaXAT0Arg&_nc_ht=scontent-cdt1-1.xx&oh=393077468a019e9084cb81ff70ada5aa&oe=5D06111B

Je tiens à noter que le son était impeccable toute la soirée, et que chacune des performances étaient à la hauteur d’une salle qui malheureusement, aurait pu être plus remplie pour une affiche de telle qualité. Le CCO n’en est pas moins une salle très agréable où je retournerai volontiers.

HEROD

Setlist :

1. Intro
2. Fork Tongue
3. Reckoning
4. Don’t Speak Last
5. Silent Truth
6. Mourning Grounds

Herod était un groupe inconnu au bataillon pour moi il y a encore quelques mois. Je les ai découverts quand a été teasé leur nouvel album par leur label, Pelagic Records. Ce nouvel opus, « Sombre Dessein », est un disque de Sludge apocalyptique et acéré, d’une agressivité à laquelle je ne m’attendais pas. Mais il aura été simple de me vendre le groupe : un premier extrait qui bute, et en plus on me dit qu’ils ont au chant un ancien de The Ocean ? Take my money.
Au moment d’entrer en scène, je reconnais que je ne sais pas trop à qui m’attendre, puisque je ne connais pas vraiment le groupe. Mais quelle claque ! Le son était d’une lourdeur colossale, et la voix de Mike était d’une agressivité qui aurait intimidé même les meilleurs des coreux.
J’étais emporté par la violence des titres qui s’enchaînaient, qui m’ont transporté dans un état de transe expiatoire et jubilatoire. En français plus courant, je m’attendais pas à ce que j’ai autant envie de tout casser pendant ce concert. Il faut le reconnaître, ça m’a fait un bien fou.

Si vous voulez savoir à quoi ça ressemble, Herod, c’est ça.

Après une courte pause où je range de côté ma timidité pour discuter avec Mike, qui a été par ailleurs très sympa, je me remets aux premières loges pour la suite…


DOWNFALL OF GAIA

Setlist :

Je n’ai malheureusement pas la setlist pour ce concert, si quelqu’un l’a, je suis preneur et j’édite ce texte.

Downfall of Gaia, eux je les attendais ! Combo berlinois résolument le plus krieg de la soirée, que j’ai découvert avec leur album « Atrophy », sorti en 2016, qui m’avait beaucoup impressionné. J’étais très content d’y être aussi, parce que, malgré mes penchants Sludge, qui est un sous-genre que j’apprécie énormément, je suis un gros blackeux à la base. Ils sont revenus en ce début d’année avec leur cinquième album, « Ethic of Radical Finitude », encore un album que je recommande vivement !

Les musiciens entrent en scène, affublés de t-shirts Coldworld, Naglfar ou encore Woods of Desolation, tu sais qu’ils sont pas là pour enfiler des perles.
Ca commence, ça sent le black metal à plein nez, je suis en joie. Un set d’une agressivité déconcertante, émotionnellement fort, qui transporte l’auditeur dans un univers singulier qui est le leur, oppressant, froid et triste. Entre les moments kriegs rythmés aux blast-beats, le groupe nous offre aussi des ponts et interludes très orientés Post-Metal ou encore Noise, pour un show diversifié sans perdre de cohésion ou d’identité.
Le quatuor joue pendant une cinquantaine d’intenses minutes, pendant lesquelles je laisse s’échapper une énergie monumentale en écrasant toute mon âme sur le bord de la scène.

Voilà à quoi ressemble le nouveau Downfall of Gaia :

Enfin, après une dernière pause où je claque tout mon fric, le grand moment arrive enfin.

THE OCEAN

Setlist :

1. The Cambrian Explosion
2. Cambrian II: Eternal Recurrence
3. Ordovicium: The Glaciation of Gondwana
4. Hadopelagic II: Let Them Believe
5. Firmament
6. Silurian: Age of Sea Scorpions
7. Statherian
8. Permian: The Great Dying
9. Ectasian: De Profundis
10. Benthic: The Origin of our Wishes

Comme je disais au début de cet article, c’est toujours particulier de voir son groupe préféré en concert. C’est bien plus que de la musique: Des textes auxquels je suis très attaché, des références littéraires et philosophiques dans lesquelles je me reconnais, l’océan qui m’obsède chaque jour un peu plus, et des musiciens pour lesquels j’ai plus de respect que pour quasiment tout le reste…
Et parlons en, des musiciens ! Evidemment, je ne mentionne pas le cerveau du groupe, Robin Staps, l’homme aux mille tatouages de requins, méduses et autres crustacés, un modèle pour quelqu’un comme moi ! Je me souviens encore de la première fois où j’ai vu le groupe, à Zurich en 2017, où je m’étais approché, tout tremblotant et intimidé, pour essayer de lui demander une photo et prendre le temps de lui dire à quel point ce qu’il fait est salvateur pour moi.
Je digresse. C’était la quatrième fois pour moi, et avant même que le set commence, j’observe avec émotion les musiciens s’installer. Et après quatre fois en deux ans, quand tu te mets tout le temps en première ligne, on te voit. David Ramis Åhfeldt, second guitariste du groupe, me reconnaît et vient me saluer. Un grand moment.

Une fois que tout est installé, le concert commence. La setlist est quasiment la même que la dernière fois que je les ai vus, à Paris en novembre 2018, et pourtant les musiciens font preuve de créativité en se réappropriant les morceaux avec quelques variations inattendues. Le set laisse aussi beaucoup plus d’espace à la nouvelle recrue aux claviers, Peter Voigtmann, qui nous propose des interludes de Drone et de vibrations bienvenus pour ne pas relâcher notre tension émotionnelle.
Je parle d’émotions tout le temps, je reconnais que ce n’est pas clair, mais l’appréciation de la musique est une activité très subjective. Quoi qu’il en soit, si vous adhérez à l’univers de The Ocean, il faut vous préparer pour un concert aussi reposant qu’il est drainant.
Loîc Rossetti, chanteur du groupe, est très interactif, comme toujours. Il n’a pas oublié ses racines hardcore. C’est le genre de frontman qui bouge dans tous les sens, qui se lance sur le public pour des bains de foule, et qui toujours cherche un moyen de sauter dans la fosse. Cette fois encore, il est allé jusqu’au fond de la salle, a grimpé sur un bout de mur jusqu’à trois ou quatre mètres de haut, et a sauté sur le public prêt à le réceptionner. Je ne précise pas qu’il continuait à chanter tout le temps. Encore un grand moment.

La setlist était sublime, j’ai chanté et chialé pendant tout le set, résonnant aux paroles lourdes de sens comme Ordovicium: The Glaciation of Gondwana ou Hadopelagic II: Let Them Believe. Intéressez-vous aux textes de ce groupe. Je n’en dis pas plus.
Le set se déroule magnifiquement, tout est parfait et on se dit que ce ne saurait être mieux, et pourtant. Ectasian: De Profundis. Un morceau issu de « Precambrian », sorti en 2007. Mike Pilat monte sur scène. Perfection. On s’est pris un morceau avec le chanteur original en duo avec Loïc, c’est ce que j’espérais en partant pour Lyon ce jour-là, et mon souhait fut exaucé. Splendide.
Maintenant, on espère voir le groupe avec Katatonia, pour enfin avoir un live de Devonian: Nascent, le morceau du dernier album avec Jonas Renkse en guest.

Le set se termine sur Benthic: The Origin of our Wishes, un morceau écrasant de Doom avec un grand D. « There’s no one here »
Et là, je l’attendais encore moins, mais David, le guitariste, dont j’ai parlé avant, me saute dessus pour me remercier et faire un câlin.
Un MOMENT. Gravé dans ma chair.

Si vous me suivez, j’espère que vous l’avez déjà écouté :

Je ressors pour finir de vider mon porte-monnaie. On n’en a jamais assez. Un jour il faudra que je fasse un dossier sur tout ce que j’ai comme merch de ce groupe !
Je range une dernière fois ma timidité pour discuter avec les musiciens, j’en profite pour prendre une des superbes affiches sérigraphiées, que j’ai pu faire signer par les trois groupes.
Je suis sorti avant de me faire jeter par la sécu du bâtiment, prêt à prendre le large.

-Hakim

 

 

Publicité